Florent Lacilla : «Je n’ai pas réalisé ça tout seul»


C’est à la fois avec beaucoup de maturité et d’humilité que le Fribourgeois Florent Lacilla revient sur son parcours qui force le respect : de l’origine de sa passion pour l’automobile à ses aspirations futures, en passant par ses expériences en championnats, dont sa victoire aux WorldSkills 2022 : portrait.

«J’ai toujours un peu baigné dedans depuis que je suis petit et le lien avec la famille y est définitivement pour quelque chose», répond Florent avec un grand sourire, lorsqu’on lui demande d’où lui est venu ce fort attrait pour la mécanique. Le Fribourgeois, né à Cottens, comprend dès son plus jeune âge qu’il a une habileté manuelle et que son intérêt pour ce domaine ne cesse de grandir. Dès lors, il effectue régulièrement des stages d’été dans le garage familial à Matran, actuellement toujours géré par ses parents. C’est tout naturellement  qu’il décide de faire de cette passion grandissante, son futur métier : mécatronicien d’automobiles. Cela ne l’a pas empêché de vouloir acquérir de l’expérience auprès d’autres garages, «pour voir comment cela fonctionne, pas seulement à la maison», explique Florent. C’est grâce à cette forte détermination déjà présente qu’il s’engage dans une formation CFC de quatre ans entreprise avec facilité.

Du médaillé d’or au champion du monde
En 2018 et son diplôme en poche, il participe aux SwissSkills qu’il remporte haut la main avec une médaille d’or et une certaine satisfaction, malgré un premier sentiment de doute quant à sa réussite : «Finalement, on comprend qu’il suffit juste d’être meilleur que le deuxième», sourit-il. Boosté par cette réussite, il se lance dans la prochaine compétition (SwissSkills 2019) qu’il conquiert à nouveau avec brio. Le coup d’accélérateur qui lui donne naturellement envie d’aller encore plus loin: s’embarquer dans les championnats du monde ! Pourtant, les WorldSkills 2022 (initialement prévus à Shanghai) ont failli ne pas avoir lieu à cause de la pandémie. Lorsque les diverses organisations, dont la Suisse, ont finalement pris le relais, tous les participants ont été soulagés que l’événement ait lieu. «C’est même là qu’on a d’autant plus ressenti cette rage d’entrer en compétition», explique Florent avant d’ajouter, enthousiaste : «Ou comme le disait si bien mon coach, Michel Tinguely : tels des chevaux dans les starting blocks ! »

Aux yeux de Florent, c’est précisément ce qui l’a aidé à devenir champion: l’accompagnement de son coach, l’important soutien de sa famille et de ses collègues, de l’UPSA ou encore de l’École professionnelle de Fribourg. Sans oublier tous les échanges bénéfiques avec l’équipe suisse et un ancien champion (n.d.l.r. Flavio Helfenstein, sacré meilleur mécatronicien du monde en 2011). «Je n’ai pas réalisé ça tout seul», aime rappeler Florent avec modestie, avant de compléter: «On a vraiment été très bien formés en Suisse». En sus de cette préparation, le champion admet que sa capacité à gérer le stress et son expérience sur «le terrain» ont également été des atouts non négligeables.

«Contrairement à ce que l’on pense souvent de l’apprentissage en Suisse, ce n’est pas se fermer des portes, au contraire. »

C’est ce que l’ancien apprenti souligne d’ailleurs, lorsqu’on lui demande ce qu’il pense de l’apprentissage : l’avantage indéniable de la pratique, du concret. C’est aussi le message qu’il souhaite faire passer à ceux et celles qui hésitent à se lancer. «C’est savoir ce que c’est dans la vraie vie, pas uniquement ce qu’on apprend sur les bancs d’école», soutient-il avant d’ajouter avec conviction : «Contrairement à ce que l’on pense souvent de l’apprentissage en Suisse, ce n’est pas se fermer des portes, au contraire».

Les pieds sur terre et des projets en vue
Un rêve accompli, une troisième récompense amplement méritée ainsi qu’une reconnaissance dans le domaine automobile : Florent avance vers un avenir qu’il envisage encore plus sereinement. Il espère que son nom restera dans les mémoires mais n’en demeure pas moins les pieds sur terre : «Il n’y a pas de miracles, il faut travailler pour atteindre ce qu’on veut, avec la passion du métier», reconnaît le Fribourgeois. Même s’il est prévu à terme de reprendre les rênes de l’entreprise familiale avec son frère, Florent souhaite d’abord terminer son brevet fédéral de diagnosticien automobiles. Actuellement responsable d’atelier, il se dit donc prêt à reprendre le flambeau à l’avenir, tout en restant conscient des potentiels défis et des objectifs fixés pour pérenniser l’entreprise, comme par exemple, se diriger encore davantage vers l’électrique.