Caisse AVS CIFA : 75 ans d’existence au cœur de la prévoyance


Michel Rossier se connecte à la conversation. Le sourire aux lèvres, l’homme qui dirige la caisse de compensation AVS FER CIFA 106.2 (ci-après CIFA) depuis 2006, se décrit volontiers comme matheux. Il ne faut pas beaucoup le questionner pour qu’il entre dans le vif du sujet et évoque la prévoyance. Sans entrer dans les considérations politiques, Michel Rossier, chiffres en main, évoque la réforme future et nécessaire de l’AVS ainsi que la retraite des femmes à 65 ans. Explications.

D’où vient la CIFA ?

La CIFA a été créée en 1947 en tant qu’institution sociale et organe d’exécution pour répondre aux besoins de l’introduction de l’AVS au 1er janvier 1948. A l’époque, il n’y avait qu’une seule entité qui regroupait la CIFA et l’Union Patronale du Canton de Fribourg (UPCF). Pour exister, la CIFA avait légalement besoin d’une association fondatrice : l’UPCF d’aujourd’hui. Leurs destins sont donc intimement liés. Et si nous fêtons cette année les 75 ans de l’UPCF, c’est aussi les 75 ans de la CIFA que nous célébrons.

Il faut aussi ajouter qu’un lien très fort et historique existe avec la Fédération des Entreprises Romandes (FER) à Genève puisque la CIFA est une agence de la Caisse de compensation AVS de la FER fondée à Morat par Ferdinand Masset et son ami le Genevois Renaud Barde. De plus, la FER a créé une institution de prévoyance LPP en 1961 : la Caisse inter-entreprises de prévoyance professionnelle (CIEPP).

Comment fonctionne la CIFA ?

La CIFA est organisée autour de quatre services distincts : le secteur de l’affiliation qui comporte le suivi des membres, les cotisations et la comptabilité ; le service des prestations qui englobe les rentes AVS et AI ainsi que les allocations perte de gain militaires, de maternité et paternité, entre autres ; le département des allocations familiales qui gère six caisses d’allocations familiales ; le service du 2ème pilier en charge de l’agence de Fribourg de la CIEPP.

Cette organisation représente un réel avantage pour nos affiliés puisqu’ils n’ont qu’un seul interlocuteur pour gérer les différentes assurances sociales. Cela simplifie beaucoup leur gestion administrative.

Comment a évolué la CIFA depuis 75 ans ?

La CIFA est une caisse importante en termes de nombre d’affiliés. Chaque année, elle a progressé et aujourd’hui, nous pouvons être fiers de posséder plus de 2,5 milliards de masse salariale sous gestion et près de 7250 membres affiliés, dont 1500 sont des indépendants. La majorité de nos clients sont des PME et nous pouvons aussi compter sur la confiance de plusieurs groupes importants venant de divers secteurs d’activités.

Du côté de la CIEPP, plus de 1500 entreprises affiliées nous ont confié la gestion de leur 2ème pilier.

Quel sont les enjeux à venir pour la CIFA ?

Un des enjeux dans le fonctionnement de notre caisse est la digitalisation de ses services. Depuis toujours, nous travaillons à offrir un service de proximité pour nos clients. En 2014, un portail en ligne a été mis sur pied. Il permet à nos affiliés de procéder à leurs annonces en ligne et d’accéder en tout temps à des informations de notre caisse. Nous souhaitons, à moyen terme, mettre à disposition de nos affiliés une vitrine globale de services leur permettant de disposer de l’ensemble des informations utiles et d’effectuer la totalité des opérations liées à la gestion des assurances sociales. En 2019, nous y avons intégré la CIEPP (2ème pilier) en créant un portail interinstitutionnel. Ce virage numérique a révolutionné notre métier qui était bercé par des échanges de formulaires papier.

Sur le plan sociétal, un enjeu important concernant les caisses de compensation AVS…

Effectivement, la dernière réforme de l’AVS remonte à 1997. Aujourd’hui, une réforme du premier pilier est en discussion au Parlement. Cependant, un référendum est sur le point d’aboutir. Il est important que la loi sur l’assurance vieillesse et survivants soit révisée prochainement. C’est une question de chiffres. L’espérance de vie augmente – malgré un léger recul lié au coronavirus – ce qui change le calcul. A cela s’ajoute les babyboomers qui vont arriver à la retraite prochainement. A l’époque, nous comptions 5 actifs pour 1 rentier, alors que nous tendons vers 2 actifs pour 1 rentier. Sachant que l’AVS est un système de répartition, les chiffres parlent d’eux-mêmes. Je suis serein sur le fait qu’un consensus puisse être trouvé en matière d’AVS. Même si cela prendra du temps, la décision émanera du politique et du peuple.

Si on parle de réforme de l’AVS, la question de l’âge de la retraite des femmes se pose. Qu’en dites-vous ?

D’un point de vue très factuel, augmenter l’âge de la retraite des femmes à 65 ans est juste puisqu’elles ont une espérance de vie plus importante que les hommes. Je ne parle ici que des aspects statistiques liés à cette question, pas des autres enjeux liés comme l’égalité salariale, par exemple.

Conseil aux jeunes

Lorsque l’on parle de la retraite à des jeunes personnes de 25 ou 30 ans, cela leur paraît vraiment lointain. Cependant, c’est important de s’y intéresser. Notre système des 3 piliers a fait ses preuves. Mon premier conseil est de compléter l’AVS et le 2ème pilier, dès que c’est financièrement possible, avec un 3ème pilier lié. Mon second conseil est de s’intéresser – en plus du salaire – aux prestations sociales offertes par l’entreprise dans laquelle ils travaillent. Certaines structures ont un 2e pilier minimum – c’est une base légale – d’autres ont des plans de prévoyance améliorés, ce qui peut engendrer une différence notable à l’arrivée de la retraite.

Conseil pour ceux qui approchent de la retraite

Il est important de rappeler qu’il est judicieux de réfléchir à cette période de vie dès 50 ans. En plus de la rente de l’AVS, la rente du 2ème pilier joue un rôle prédominant. Afin de prodiguer un conseil en matière de 2ème pilier, il est nécessaire de connaître la situation personnelle et financière exacte et globale de la personne. Pour permettre de faire le choix entre la rente ou le capital, je recommande qu’au moment de la retraite, les dépenses courantes puissent être payées par les revenus sous forme de rentes. En parallèle, il est intéressant d’examiner si le capital restant, en tenant compte également de la fiscalité, doit être pris sous forme de capital ou de rente.

23

collaborateurs à la CIFA

7'250

membres

2,5

milliards de francs : la masse salariale soumise à cotisations en 2021, pour un montant d'encaissement de cotisations AVS/AI/APG de plus de CHF 266 millions

8871

rentiers

203

millions de francs : montant des rentes et allocations pour impotents AVS/AI

12

millions de francs : montant des allocations perte de gain/maternité en 2021

46,3

millions de cotisations CIEPP (2ème pilier) Fribourg