L’AFOCI face au défi de la réforme Employé-e-s de commerce 2022


L’intérêt des apprentis se trouvait au centre lorsque l’Association fribourgeoise pour l’organisation des cours interentreprises (AFOCI) a été créée au début des années 1990. Elle a beaucoup évolué, notamment en prenant le virage de la digitalisation et devra se pencher sur une large réforme.

Il en a formé des apprentis, Bernard Perritaz, président de l’AFOCI depuis 11 ans. Il estime à une cinquantaine le nombre de jeunes qu’il a suivis lorsqu’il travaillait comme assureur. C’était donc tout naturellement qu’il s’est engagé comme président de cette association qui organise les cours interentreprises pour les apprentis employés de commerce dans le canton de Fribourg. Pour lui, la clé de l’apprentissage reste le facteur humain: «Nous avons de très bons jeunes, mais il faut leur donner le temps d’apprendre et prendre le temps de les informer sur leur profession.» Il ajoute: «Il faut savoir les laisser s’exprimer, s’engager et les écouter.» Il se souvient de certains apprentis qui ont su parfois mettre le doigt sur des processus défaillants. «Ils avaient raison», note Bernard Perritaz, une lueur de fierté dans le regard.

Fondée en 1994, l’AFOCI a vu le jour après que le directeur de l’Office cantonal de la formation professionnelle (OCFP) décide de rassembler les représentants de plusieurs associations dans le but de mettre en place des cours d’introduction pour les apprentis employés de commerce. La phase pilote étant concluante, l’AFOCI est fondée en juillet 1994. Fribourg devient ainsi le premier canton à organiser de tels cours, qui deviendront par la suite les cours interentreprises (CIE). «L’AFOCI a été créée dans l’intérêt des apprentis afin d’unifier leur formation et ainsi éviter les disparités», explique Bernard Perritaz.

Pour lui, le système dual a fait ses preuves. D’ailleurs, certains pays dont la France s’y intéressent et nous envient. «Nous sommes sur le bon chemin», commente le président qui rappelle que la force de ce système réside dans la complémentarité entre la pratique et la théorie d’un métier. «Lorsqu’ils obtiennent leur CFC, les jeunes ont les pieds sur terre et connaissent leur métier dans la pratique, constate Bernard Perritaz. Bien sûr par la suite ils doivent, comme tout employé, continuer à se former.»

Casse-tête

Concrètement, l’association planifie les CIE, elle engage les formateurs, trouve des salles et met le matériel à disposition des apprentis. Elle organise aussi les examens finaux, mais n’intervient pas sur les objectifs à atteindre dans chaque branche. En tout, l’AFOCI gère les CIE de près de 800 apprentis chaque année. Ils sont répartis par branche: administration publique, services et administration et assurances. Les cours sont donnés à Fribourg, à Bulle et à l’école de Gambach (école de commerce où sont formés les stagiaires 3+1).

Afin d’évoluer avec son temps, l’AFOCI a dû se digitaliser. Elle a fait le saut en 2018. Avant, elle était gérée par un bureau indépendant et représentée par deux secrétaires. En 2017, les organes faîtiers notamment de la branche administration publique (OVAP) ont demandé à l’AFOCI de leur garantir un travail de qualité. «Cela passait clairement par la digitalisation», déclare Bernard Perritaz qui explique avoir cherché des solutions afin de développer une plateforme numérique, dont le coût s’est avéré trop élevé: «Nous avons décidé de confier la gestion du secrétariat à l’Union Patronale du Canton de Fribourg qui est expérimentée et dispose du matériel nécessaire pour garantir la qualité de notre travail.» En plus de numériser son fonctionnement, l’AFOCI a développé un site internet sur lequel les apprentis trouvent leur matériel de cours ainsi que différentes informations nécessaires au bon déroulement des CIE. «Cela peut paraître anodin, mais il s’agit d’un pas important que nous avons franchi», souligne Bernard Perritaz qui se réjouit de constater que le fonctionnement de l’association est désormais rodé.

Pour ce qui est de l’avenir, l’AFOCI devra composer avec la mise en œuvre du projet Employé-e-s de commerce 2022. Globalement, cette réforme vise à adapter la formation commerciale initiale aux besoins du marché et ainsi garantir l’employabilité des apprentis dans le futur. En fait, ce projet vise à rendre les apprentis davantage autonomes dans leur travail et dans leur apprentissage du métier, notamment en utilisant des plateformes numériques d’e-learning, comme Konvink. Il prévoit aussi de passer à l’enseignement de deux langues étrangères contre une actuellement. Il se concentre sur les trois acteurs clés de la formation des employés de commerce: les écoles, les entreprises et les CIE. Pour le moment, l’impact concret de cette réforme sur les cours interentreprises reste flou. Cependant, la répartition du nombre de jours de CIE par année pourrait changer, tout comme le contenu des cours. Celui-ci devra donc être adapté aux nouveaux objectifs qui seront établis. Mais cela reste à définir dans les mois à venir puisque sa mise en œuvre est envisagée pour 2023. Laissant ainsi le temps à l’équipe de l’AFOCI de se préparer.

L’AFOCI au temps du covid

Le coronavirus a donné du fil à retordre à l’association fribourgeoise pour l’organisation des cours interentreprises (AFOCI). «Au printemps 2020, nous avions 45 cours interentreprises (CIE) en retard», indique Bernard Perritaz, président de l’association. Certains formateurs ont travaillé pour pouvoir donner leur cours en visioconférence et d’autres ont rattrapé le retard au début de l’année scolaire 2020/2021, ce qui a permis à tout le monde de revenir à niveau. Malgré tout, les deux dernières années scolaires ont été passablement chamboulées.

Que pensez-vous de ce que les médias ont nommé la «génération covid»? «C’est ridicule de penser que des jeunes ont obtenu leur diplôme au rabais. Les examens finaux représentent le travail qu’ils ont accompli sur trois ans», martèle le président. Pour lui, le monde du travail a bien réagi à la pandémie avec davantage de contrats d’apprentissage signés – tous domaines confondus – en 2020 qu’en 2019. «Cela montre la volonté des entreprises à aller de l’avant», conclut Bernard Perritaz.

Date clés

1994

Création de l’association fribourgeoise pour l’organisation des cours interentreprises (AFOCI).

1994 -1995

Premiers cours interentreprises pour les francophones.

1995-1996

Premiers cours interentreprises pour les alémaniques.

2018

L’AFOCI se digitalise et la gestion du secrétariat est confiée à l’UPCF.

2023

Un projet de réforme Employé-e-s de commerce 2022 devrait entrer en vigueur.